5ème Colloque International de Philosophie Économique
23-25 juin 2021 Warszawa (Pologne)

Appel à communications

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Le 5ème Colloque International “Philosophie Economique” aura lieu à Varsovie du 24 au 26 juin 2020. Cette manifestation est organisée par la Faculté des Sciences Economiques de l’Université de Varsovie et le Polish Economic Institute en collaboration avec l’ICPE (International Conferences for Economics and Philosophy), le réseau Philosophie-Economie et le Polish Philosophy of Economics Network.

Ce colloque international accueillera des sessions sur le thème « Culture et Economie », mais toutes les communications relevant de la philosophie économique sont bienvenues.

La question de la culture a toujours entretenu une relation malaisée avec l’économie et la philosophie économique. Pendant longtemps, les chercheurs en économie ont été peu sensibles à la dimension culturelle de l’économie, des marchés, des institutions, des firmes ou des ménages. Quant à eux, les travaux en philosophie économique étaient sensibles à cet aspect, mais y faisaient référence de manière occasionnelle et hétérogène.


Cet état des choses peu satisfaisant a récemment et graduellement évolué. Ceci se manifeste de diverses manières:

  • Dans les travaux des économistes qui tentent d’intégrer le facteur culture dans leurs modèles afin d’analyser à la fois les effets de la culture sur l’économie et, à l’inverse, l’impact de l’économie sur la culture ;
  • Dans les travaux de philosophie économique qui interrogent la science économique en tant que culture symbolique et matérielle ;
  • Dans les travaux d’histoire économique mettant en lumière le fait que l’héritage culturel est susceptible d’expliquer les différents schémas de développement économique dans le monde ;
  • Dans les travaux des anthropologues et des sociologues économiques qui étudient l’intégration culturelle des marchés et l’émergence de nouvelles économies traditionnelles.

Un nombre croissant de contributions défend ainsi la thèse que la culture importe. Sachant cela, l’objectif de la conférence est double :

  • Il s’agit tout d’abord de clarifier la relation entre économie et culture en distinguant et explorant pas moins de six dimensions au sein desquelles ces deux domaines se rejoignent : la culture en économie, la culture de l’économie, la culture pour l’économie, l’économie vue comme culture, l’économie de la culture et l’économie hors de la culture.
  • Deuxièmement, il s’agit de faciliter le lien entre économie et culture en stimulant et renforçant les échanges intellectuels entre les philosophes et les économistes, ainsi que d’autres chercheurs intéressés par la philosophie économique et prenant en compte sérieusement cette thèse.

Les contributions croisant enjeux culturels et économiques qui proviennent des champs mentionnés ci-dessus et explorant l’une ou l’autre des six dimensions décrites ci-dessous sont donc très bienvenues :

(1) Enjeux culturels en économie. Il s’agit par exemple d’explorer ces enjeux en s’interrogeant de la manière suivante : les sciences économiques profitent-elles de l’insertion d’éléments explicatifs de type culturel ? Comment la culture figure-t-elle en leur sein ? Comment l’économie (vécue) figure-t-elle dans l’économie (observée) (selon quelle intermédiation culturelle) ? Comment comprendre le marché à cet égard ? Quels effets des marchés sur, ou dans la culture ? Les enjeux culturels affectent-ils les résultats économiques ? Comment économistes et historiens de l’économie intègrent-ils (ou pas) les facteurs d’ordre culturel et l’héritage de leur(s) culture(s) dans leurs modèles et dans leurs théories (et pourquoi ils le font, ou pas, selon les cas) ? Quel rôle jouent pour le développement économique les diverses croyances en matière de culture ? Dans quelle mesure la base de données « World Value Survey » aide-t-elle les économistes à étudier l’évolution des valeurs et leur portée dans la vie sociale, économique et politique ? Comment discute-t-on la notion de culture quand on l’aborde à travers, par exemple : les théories du choix rationnel (la culture vue simplement comme variable de la fonction d’utilité), de la décision publique (qui prend en compte l’hétérogénéité des choix en matière de culture), la théorie du choix social (valeurs culturelles communes), l’économie comportementale (la variabilité des cultures étant susceptible d’impacter les biais de comportement) ? Des questions plus précises peuvent être posées : alors que l’économie dite « néo-institutionnaliste » permet une approche duelle des institutions (vues comme ensembles de règles et comme promotrices d’équilibres économiques à la fois), reste-t-il quelque place pour le facteur culturel dans les analyses de type économique ? Dans l’approche des institutions comme des ensembles de règles, on insiste principalement sur le caractère formel des institutions, qui sont conçues et modélisées en termes de « règles du jeu ». Est-il légitime de concevoir des institutions informelles comme les institutions culturelles de cette manière, alors qu’elles résultent de normes et de conventions dont certaines sont tacites (ou implicites) ? Dans l’approche des institutions comme promotrices d’équilibres économiques, on insiste au contraire principalement sur le processus d’institutionnalisation, conçu et modélisé en termes de résultat de motifs de comportements et de motivations (de raisons d’agir d’une manière ou d’une autre selon ces motifs (patterns of behavior)). Est-il légitime de concevoir les croyances en matière de culture comme des attentes diverses de la part des agents qui se renforcent en raison des actions entreprises par d’autres agents ? Comment l’économie analyse-t-elle la transmission des préférences parmi et entre les générations, par exemple ? Comment examiner la façon dont les valeurs culturelles vont traverser et impacter la recherche en économie ?

(2) Enjeux culturels de l’économie. Est-ce que la méthodologie économique bénéficie de prendre en considération la philosophie de la culture (par opposition à la philosophie de la nature), comme des résultats éventuels de cette dernière ? Est-ce que l’économie contemporaine dépasse l’antagonisme rebattu entre deux cultures (culture scientifique et humanités) ? Comment enquêter, de manière scientifique, sur la composante culturelle implicite dans les sciences économiques ? Quels styles de pensée dominent-ils, et quels modes de raisonnement prévalent-ils en économie ? Quelles sont les normes (épistémiques et non-épistémiques) qui guident l’orientation de la recherche, les analyses et le compte-rendu dans les sciences économiques ? Quelles cultures matérielle et théorique pour la modélisation économique ?

(3) Enjeux culturels pour l’économie. Est-ce que la profession des économistes fournit des résultats plus probants lorsqu’elle incorpore dans sa pratique les préoccupations neuves de « vertus » épistémiques ou éthiques, mues par des considérations culturelles ? Est-ce que la profession des économistes a d’ailleurs besoin de codes de conduite éthique ? Comment rendre la profession des économistes plus humble ? Est-ce que des critères de nature « esthétique » (élégance, beauté) doivent y jouer un rôle, et lequel ? Est-ce que l’économie bénéficie de l’usage heuristique de métaphores tirées de la littérature et des arts (et, si oui, en quoi) ?

(4) Enjeux de l’économie vue comme culture. Est-ce que la profession des économistes consiste vraiment en deux sphères épistémiques de cultures différentes et autonomes, à savoir d’un côté la production de savoir, de l’autre sa communication et son utilisation, soit une culture scientifique d’une part, et une expertise scientifique, d’autre part ? Qu’est-ce qui détermine le crédit que l’on accorde à ce qui est scientifique en économie ? Est-ce que le prestige et la confiance dont l’économie et les économistes jouissent auprès du public outrepassent ceux des autres sciences sociales et de leurs représentants ? Est-ce que la profession des économistes s’implique activement dans la quête symbolique des avantages liés à ceux-ci, à la fois au sein et en dehors de ce que l’on nomme le « marché des idées » ?

(5) Enjeux de l’économie de la culture. Comment appliquer l’approche économique aux arts (quant aux organismes pourvoyeurs de services dans le domaine des arts, des beaux-arts comme des arts de la scène, de la littérature ou de la musique) ? Quels sont les traits économiques caractéristiques des biens dits « culturels » ? Comment peser le pour et le contre dans le processus de marchandisation, de commercialisation et de mercatisation (marketisation) de ces « biens culturels » ? L’économie des arts ne fournit-elle qu’un exemple supplémentaire de l’ « impérialisme » parfois reproché aux sciences économiques ?

(6) Enjeux de l’économie hors de la culture. L’économie est-elle fondée sur des lieux communs culturels ? Dans quelle mesure l’économie consiste-t-elle dans le raffinement d’intuitions populaires à l’origine ? Quel est le rôle des us et coutumes des sociétés, des mœurs, de l’habitus social, des routines, ainsi que des croyances religieuses dans l’évolution moderne de la discipline économique ? Comment l’économie d’aujourd’hui ressaisit-elle sur le plan théorique les sociétés traditionnelles de petite taille, avec leurs économies propres ? Les économistes qui contribuent à des politiques publiques de développement devraient-ils accorder une attention accrue au savoir autochtone issu des communautés régionales ou locales ? Ces questions sont autant de suggestions; leur liste n’est pas exhaustive, cela va de soi. D’autres interrogations et d’autres thèmes sont possibles et bienvenus.

Les contributions ne portant pas directement sur le thème sont également bienvenues.

Puisque les communautés des chercheurs en économie et en philosophie sont diverses, que des chercheurs provenant d’autres disciplines travaillent également en philosophie économique, la conférence offre un environnement pluraliste où les divers engagements ontologiques, les approches méthodologiques et les positions axiologiques variées sont valorisés dans un échange ouvert et multidimensionnel des idées, des arguments et des expériences de chacun.

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